Nouvel espoir dans la lutte contre le cancer : un virus génétiquement modifié permet d’augmenter l’espérance de vie des enfants atteints de tumeurs cérébrales
Chaque année en Europe, plus de 35 000 nouveaux cas de cancers pédiatriques sont diagnostiqués et 6 000 enfants en meurent. L’avancée réalisée par des chercheurs espagnols concerne le gliome infiltrant du tronc cérébral (GITC). En France, près de 50 enfants sont concernés chaque année, autant de filles que de garçons, faisant du GITC une tumeur rare.
La découverte d’un virus du rhume génétiquement modifié permettant de tuer les cellules cancéreuses redonne l’espoir dans le traitement de la tumeur cérébrale infantile la plus meurtrière appelée le gliome infiltrant du tronc cérébral. Il s’agit d’un cancer très agressif qui touche les enfants et les adolescents, et dont la moitié des malades ne survit pas plus d’un an. L’enjeu est énorme car il n’existe pas pour l’instant de traitement efficace.
Le taux de survie n’augmente pas depuis plus de 15 ans face à ce type de cancer. La communauté médicale comme les parents concernés ne cessent d’alerter les autorités sur la nécessité de développer davantage la recherche pour améliorer les traitements et augmenter surtout l’espérance de vie des enfants touchés.
Le gliome infiltrant du tronc cérébral (GITC) est une tumeur cérébrale située sous le cerveau, au-dessus du bulbe rachidien. Il s’agit d’une zone profonde et fragile liée à des fonctions vitales telles que l’équilibre, la respiration, le contrôle de la vessie, la fréquence cardiaque et la tension artérielle. Cette région est également traversée par les nerfs liés à la vision, l’audition, la parole, la déglutition et le mouvement.
Dans un article publié ce 30 juin dans la revue The New England Journal Of Medicine, des chercheurs révèlent que l’utilisation la virothérapie, associé à une radiothérapie chez les enfants atteints d’un gliome infiltrant du tronc cérébral a entraîné des modifications de l’activité des lymphocytes et une réduction ou une stabilisation de la taille de la tumeur chez des patients.
Le processus est basé sur la virothérapie antitumorale et dans ce cas précis, la modification des adénovirus spécifiques aux voies respiratoires, ceux-là mêmes qui rendent cancéreuses les tumeurs dans le cadre d’un cancer du gliome infiltrant du tronc cérébral.
La virothérapie est une stratégie thérapeutique consistant à utiliser un virus, dans le cas présent, un adénovirus, qui, une fois reprogrammé par les moyens de la génétique peut éliminer des cellules ou tissus d’un organisme ou reprogrammer certaines cellules dysfonctionnantes. Non seulement les cellules sont tuées par le virus, mais les déchets cellulaires qui en résultent stimulent le système immunitaire contre la tumeur.
Et c’est exactement ce que les chercheurs ont découvert.
« Nos résultats sont prometteurs car ils montrent que la virothérapie peut être une voie de traitement supplémentaire pour cette maladie totalement dépourvue de thérapies efficaces », déclare Jaime Gállego, neurologue à la clinique universitaire de Navarre, coordinateur du domaine des tumeurs cérébrales et co-auteur de ce travail publié dans New England Journal of Medicine, une revue qui fait autorité et dont les publications sont vérifiées et validées par des pairs.
Dans un essai clinique mené auprès de 12 patients âgés de 3 à 18 ans, le virus modifié utilisé, un oncovirus, s’est donc révélé sans danger pour les enfants, sans effet secondaire grave et bien toléré par les patients.
Appliqué avec la radiothérapie, le virus a réussi à augmenter la survie moyenne des participants, passant de 12 mois à 17,8 mois. Deux des enfants participants à cette étude sont toujours en vie, trois ans après la détection de la tumeur.
« Cela peut sembler peu de progrès, peu de temps gagné sur la maladie mais c’est un pas en avant décisif », déclare Jaime Gállego, neurologue à la clinique universitaire de Navarre, coordinateur du domaine des tumeurs cérébrales et co-auteur de cette étude, dont les conclusions sont publiées dans la revue scientifique.
Et d’ajouter en conclusion : « Nos résultats sont encourageants car ils montrent que la virothérapie, un type d’immunothérapie, peut être une voie de traitement de plus pour cette maladie totalement dépourvue de thérapies efficaces ».
L’INDÉPENDANT – Martial Mehr – l’article ici
Image source : Pixabay