Des médecins canadiens ont utilisé avec succès des ultrasons guidés par IRM pour administrer une chimiothérapie à une tumeur cérébrale inopérable chez un enfant – une première mondiale pour ce type de technologie.

C’est le début d’un essai clinique révolutionnaire au Sunnybrook Health Sciences Centre et à l’Hospital for Sick Children de Toronto qui, selon les chercheurs et les médecins, pourrait ouvrir la voie à un meilleur traitement des tumeurs pédiatriques terminales.

La procédure a été réalisée sur un patient atteint d’un gliome pontin intrinsèque diffus (DIPG), qui est la forme la plus courante de tumeur cérébrale chez les enfants de moins de 15 ans.

« Le DIPG est une tumeur cérébrale pédiatrique dévastatrice qui est inopérable en raison de sa localisation dans le tronc cérébral », a déclaré le Dr Nir Lipsman, co-investigateur principal de l’étude et directeur du Harquail Centre for Neuromodulation de Sunnybrook, dans un communiqué de presse.

 « Les ultrasons focalisés constituent une approche innovante et non invasive pour délivrer plus efficacement la chimiothérapie directement à la tumeur. Notre espoir est que cette recherche continue nous rapprochera de l’amélioration des traitements pour aider à changer le cours de la maladie. »

Le DIPG affecte le tronc cérébral, plus précisément la zone qui régule les actions involontaires telles que la déglutition, le rythme cardiaque et même la respiration. Bien que la radiothérapie puisse faire gagner du temps, le DIPG est considéré comme un diagnostic terminal.

C’est une chose que les chercheurs espèrent remettre en question avec cet essai clinique. Leur nouvelle méthode d’administration du traitement fonctionne en utilisant des ultrasons de faible intensité pour s’attaquer à la barrière hémato-encéphalique.

La barrière hémato-encéphalique est un réseau de protection constitué de cellules très serrées situées entre les capillaires du cerveau et les autres tissus mous du cerveau. Ce réseau de cellules protège le cerveau des substances nocives et des toxines.

Mais lorsque quelque chose ne va pas à l’intérieur du cerveau, comme une tumeur, la barrière hémato-encéphalique devient un obstacle pour les médecins qui espèrent administrer un traitement dans les zones touchées.

C’est là que les ultrasons entrent en jeu. En utilisant la puissance des ondes sonores, les chercheurs ont pu forcer une porte temporaire dans ce mur autour du cerveau afin de laisser passer un traitement qui, autrement, n’aurait pas pu pénétrer la barrière.

Ce nouvel essai clinique, qui inclut 10 patients âgés de 5 à 18 ans atteints de DIPG, cherche à établir la sécurité et la faisabilité de cette procédure chez les enfants. Il s’appuie sur des recherches précédentes menées par Sunnybrook. En 2015, les chercheurs ont utilisé avec succès, pour la première fois, des ultrasons focalisés pour administrer une chimiothérapie à la tumeur cérébrale d’un patient adulte.

Alors, comment la procédure fonctionne-t-elle réellement ?

Les patients sont allongés dans une machine IRM, portant un casque spécialement conçu pour délivrer des ondes sonores dans des zones précises du cerveau sans avoir recours à la chirurgie, tandis que les médecins surveillent leurs progrès à l’aide de l’IRM.

Des bulles microscopiques plus petites que des globules rouges sont injectées par voie intraveineuse dans la circulation sanguine. Les ondes sonores focalisées font vibrer ces bulles microscopiques, élargissant l’espace entre les cellules qui constituent la barrière hémato-encéphalique et ouvrant des trous temporaires par lesquels des doses de chimiothérapie peuvent être administrées directement dans le cerveau. Cette brèche dans la barrière hémato-encéphalique est – environ 12 heures après le traitement, la barrière hémato-encéphalique s’est refermée.

Si cet essai clinique est couronné de succès, il pourrait représenter un espoir pour les enfants confrontés à un diagnostic de DIPG en phase terminale.

« Le traitement actuel du DIPG se limite aux radiations, qui peuvent ralentir la progression de la tumeur pendant un certain temps, mais n’ont pas d’effets à plus long terme », a déclaré le Dr James Rutka, co-investigateur principal de l’étude et directeur du Centre de recherche sur les tumeurs cérébrales Arthur et Sonia Labatt, dans le communiqué. « La technologie des ultrasons focalisés est une stratégie prometteuse d’administration de médicaments qui nous aide à pénétrer la barrière hémato-encéphalique d’une manière novatrice. La réalisation de cet essai nous aidera à construire des voies de traitement nouvelles et innovantes pour les enfants atteints de DIPG. »

Actualités Canada – l’article  ici

Photo pixabay

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