Cancer : Lucas, le miraculé de Noël

Cancer : Lucas, le miraculé de Noël

Depuis ses 6 ans, l’enfant bataillait contre un cancer du cerveau incurable. Aujourd’hui, la tumeur n’est plus là. 
De quoi susciter un fol espoir pour les malades comme pour la science.

Lucas se rappelle d’un passage secret qu’il affectionnait, via ce petit jardin qui mène directement de l’institut Gustave-Roussy à la « maison des parents ». Il se souvient également de l’équipe médicale attentionnée. Et de cette « machine à bruits » dans laquelle il a appris à rester immobile tout petit, à 6 ans. Cette IRM, il l’aimait moins… Il sourit, change de sujet, virevolte autour du sapin qu’il ­s’apprête à décorer et accroche quelques guirlandes à son cou avant d’exploser de rire. Plus de questions. Lucas est un garçon de 12 ans, si lumineux qu’il embarque avec lui tout son monde.

Un gamin tourbillonnant de vie, normal, à une exception près : il est un cas unique pour la communauté scientifique. Lucas est le premier enfant au monde à avoir probablement vaincu un cancer du cerveau réputé incurable : le gliome infiltrant du tronc cérébral. Une maladie orpheline, sans traitement, le plus grand défi de la recherche oncologique pédiatrique, puisqu’elle touche principalement de très jeunes enfants dont l’espérance de vie médiane après diagnostic est bien sombre : environ onze mois.

Son histoire relève du miracle, mais elle offre surtout un incroyable espoir à la recherche. Le 27 décembre, Lucas fêtera un double anniversaire sur les pistes de ski. Ses 13 ans et l’arrêt depuis un an de l’évérolimus, son médicament quotidien depuis cinq ans. À cela aussi, Lucas ne veut plus penser. « Il sait bien ce qui lui arrive, il sait qu’il a eu de la chance, mais ce n’est pas comme pour un prix ou une compétition qu’il aurait gagnée. À l’école, les professeurs ont essayé de lui en parler, mais il a refusé. Un préado ne se fait pas de la pub avec ça ! » lâche Cédric, son père. « Quand la maladie s’est déclarée, nous avons dû tout ­annuler »

Pour la première fois, Cédric et Olesja ont osé réserver leurs vacances de Noël avec Lucas et Tatiana, leurs deux enfants, « un peu » en avance. « Quand la maladie s’est déclarée, en juillet 2017, nous avons dû tout ­annuler. Dès lors, c’était fini. Impossible d’anticiper quoi que ce soit, pendant ces six années. On ne faisait plus de plans », ajoute Olesja.

C’est en vacances chez ses grands-­parents, aux Pays-Bas, que le petit garçon commence à éprouver des pertes d’équilibre. L’IRM révèle la présence d’une boule dans son cerveau. Au centre hospitalier Saint-Luc, à Bruxelles, où il est d’abord pris en charge, une ­neuropsychiatre l’oriente vers l’institut Gustave-Roussy, à Villejuif, dans le Val-de-Marne, où un essai clinique ­inédit, piloté par le Dr Jacques Grill, a lieu depuis 2014.

Destiné aux enfants atteints d’un gliome infiltrant du tronc cérébral, il propose une thérapie ciblée en fonction des différentes anomalies détectées dans chaque tumeur. « À Bruxelles, on nous a simplement dit que le diagnostic était compliqué. Ils prononçaient les mots gliome infiltrant, mais ça n’était pas très clair. Ils nous ont donné de la cortisone pour réduire l’inflammation. À ce moment-là, personne ne nous a parlé de la faible espérance de vie. On l’a compris un peu plus tard. Mais en tant que parents, c’est de toute manière impossible de ­s’attarder sur les terribles statistiques de survie, sinon on ­s’effondre », explique Cédric.

Pour la famille, cet été-là, c’est comme si le temps, tout en devenant plus dense, s’étirait indéfiniment. Il y a Lucas, qu’il faut couver, ­rassurer ; la grande sœur, encore très jeune, à qui l’on doit aussi expliquer la maladie, la paperasse, le formulaire S2, qui permet à une personne assurée dans un pays de l’Union européenne de recevoir un traitement ­médical dans un autre pays car, Lucas étant belge, il faut ­prouver qu’aucune autre thérapie n’est possible ­ailleurs qu’à Gustave-Roussy. Ce qui prend un certain temps.

En attendant, il y a les nuits blanches pour Cédric, qui n’arrête pas de faire des recherches sur Internet. Un soir, il tombe sur la page Facebook de parents d’enfants atteints du même mal que Cédric. Certains racontent qu’un traitement prétendument miraculeux existe dans une clinique de Monterrey, au Mexique. Chaque phase coûte entre 20 000 et 30 000 dollars, et les cycles sont répétés toutes les quatre semaines. Dans l’espoir de ­sauver leur enfant, certains mettent en vente leur maison.

« On hésitait. On a réussi à avoir quelqu’un au téléphone, il se présentait comme un médecin. Ça ne rentrait dans aucun cadre. On a compris qu’il était prêt à essayer tout et n’importe quoi. Il avait soi-disant accès à toutes les molécules sans approbation de la FDA, la Food and Drug Admnistration. Les résultats antérieurs n’étaient pas publiés. On devait ­accepter un “cocktail magique” sans trop se poser de questions. C’était foireux », se souvient Cédric, comme désolé d’y avoir seulement pensé.

Ladite clinique aurait mis la clé sous la porte durant la pandémie, mais d’autres continuent de proposer leurs services ­alternatifs aux familles en détresse. Cédric et Olesja ont heureusement fait le choix de conduire leur fils vers le traitement expérimental encadré de Gustave-Roussy.

Alors, direction « Biomede 1 », du nom de l’essai, avec une équipe aux petits soins. Lucas doit passer le préambule de la ­biopsie. « Pour deux raisons. D’abord pour ­prouver la nature de la tumeur, parce qu’avec une simple radio on se trompe une fois sur dix. L’objectif est de traiter uniquement des patients avec ce gliome. Deuxième raison, pour pouvoir faire des analyses plus précises, donc séquencer tout l’ADN de la tumeur. Ce qui, pour cette ­maladie, n’avait jamais été pratiqué auparavant dans le monde », explique le médecin chercheur Jacques Grill, qui va désormais suivre l’enfant comme il suit près de 250 enfants et une ­poignée de jeunes adultes.

 « Lucas a eu une évolution inédite dans l’histoire de la science »

Le traitement combine une série de trente radiothérapies avec la prise quotidienne, dans le cas de Lucas, de l’évérolimus. À chaque IRM destinée à ­surveiller la progression de la tumeur, Cédric et Olesja retiennent leur souffle. Et, à chaque ­rendez-vous, le résultat est un peu plus étonnant… voire spectaculaire. Non seulement l’enfant se stabilise, mais la tumeur disparaît doucement.

Tout le monde reste prudent. Le mot « guérison » n’existe pas lorsqu’on parle de la ­maladie du gliome infiltrant du tronc cérébral. Parce qu’elle ne s’est jamais produite auparavant. « Lucas a eu une évolution inédite dans l’histoire de la science, précise le Dr Grill. Sur 250 patients suivis dans ce protocole, seulement une petite dizaine n’est pas morte. C’est très peu. Il y a huit “longs survivants”. Mais Lucas est différent : chez lui la maladie a disparu. Ce qu’on appelle un phénotype extrême. Je n’avais jamais vu ça. Pour cette tumeur, l’espérance de vie médiane est de onze mois. La moitié des enfants meurent avant. C’est pour nous la pire des maladies en cancérologie. »

Désormais, le check-up n’a lieu que tous les six mois. Mais tout le monde reste prudent : le mot «guérison» n’existe pas encore pour ce gliome malin

La tumeur de Lucas a en réalité développé une anomalie extrêmement rare qui aurait permis la bonne réponse au traitement. Au labo de Gustave-Roussy, l’équipe s’active avec l’espoir immense de reproduire cette anomalie (mutation), de la tester in vitro sur les cellules d’un autre enfant puis de vérifier que la tumeur ne pousse plus, et ainsi de développer dans le futur un médicament capable de reproduire le même mécanisme. « La tumeur de Lucas est une “machine à apprendre”. On s’est rendu compte qu’avec la même maladie les tumeurs étaient différentes. L’idée, c’est de ne pas avoir un traitement, mais plusieurs, en fonction de tel ou tel type de gliome », note le pédiatre neuro-oncologue.

Dans le même temps, des analyses ont été faites sur d’autres petits survivants, avec des pistes de médicaments déjà identifiés. Mais Lucas représente le cas le plus intéressant, dans la mesure où sa mutation s’accompagne d’une disparition de la tumeur.

Les parents espèrent que le cas de leur fils fera avancer la science

Aujourd’hui, à Gustave-Roussy, tous mettent les bouchées doubles avec une seconde phase de tests nommée « Biomede 2 ». Pour 360 petits patients, l’évérolimus est comparé à un nouveau médicament, l’ONC201, développé par une start-up américaine. « Avant et même encore maintenant, lorsque le diagnostic du gliome malin tombe, certains médecins disent aux parents : “Votre enfant va mourir dans l’année, profitez-en, créez-vous des souvenirs. Allez à Tahiti.” Grâce à cette recherche, les choix thérapeutiques vont s’élargir et le discours pourrait changer radicalement », conclut Jacques Grill.

Cédric et Olesja ne savent pas quoi répondre aux quelques parents qui leur demandent quel régime suit leur enfant, quelle est sa particularité ? Ils espèrent simplement que son cas fera avancer la science. Pour Lucas, les examens se sont désormais espacés. Le check-up n’a lieu que tous les six mois.

Mais, pour Cédric et Olesja, il engendre toujours le même stress. Alors, ils ont décidé de ne plus regarder aucune imagerie et de s’en remettre au Dr Grill. Ils peuvent prendre exemple sur leur « long survivant », comme tempère encore la science, celui qui pourrait bientôt sauver des milliers d’autres enfants : il leur suffit de le regarder faire le clown devant le sapin de Noël. Insouciant, enfin.

 

PARIS MATCH – l’article  ici

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Trois Villeneuvoises se préparent au Raid Amazones 2024, un défi sportif et solidaire

Trois Villeneuvoises se préparent au Raid Amazones 2024, un défi sportif et solidaire

.Anabelle, Sophie et Charlotte sont trois Villeneuvoises dans les starting-blocks depuis quelques semaines. Elles participeront au Raid Amazones en 2024. Une aventure 100 % féminine, sportive et solidaire en soutien à l’association Warrior Enguerrand.

Le Raid Amazones est une aventure unique entre dépassement de soi et solidarité. Voilà le défi que vont relever trois pétillantes Villeneuvoises, Anabelle, Sophie et Charlotte, trois amies et mamans investies dans une association villeneuvoise de parents d’élèves. « Entre nous, ça a matché de suite, on a la même envie de croquer la vie à pleines dents » raconte Anabelle. Les trois complices ont une vie très active conjuguant vie familiale et activité professionnelle : Anabelle est infirmière puéricultrice, Sophie est responsable des ventes tandis que Charlotte est directrice d’un village des marques.

Sortir de sa zone de confort

Chacune veut sortir de sa « zone de confort, trouver du temps pour soi tout en faisant du collectif ». Anabelle et Charlotte rejoignent Sophie au club Planète Running du Stadium. Pourquoi ne pas aller plus loin ? Après un gros souci de santé, Anabelle sait que la vie peut s’arrêter subitement, passe le cap et « a le déclic, ne jamais remettre au lendemain ce qu’on souhaite ». Le sport, les amies, le dépassement de soi, oui mais pas seule. Le Raid Amazones ? Pourquoi pas. « Je leur soumets l’idée, elles n’hésitent pas une seconde. On s’est tapé la main comme on scelle un pacte »

Dépassement de soi

Pour participer au Raid Amazones, elles créent une association, un logo identifiable sur chaque événement, trouvent un nom d’équipe, les Wondermums. Le défi les soude et devient une affaire de famille car maris et enfants soutiennent fièrement leur sportive préférée au mental inoxydable. Le principe du Raid ? « Se dépasser en équipe durant 6 matinées d’épreuves itinérantes dans les plus beaux sites du pays choisi dans des disciplines telles que le VTT, tir à l’arc, trail, canoë. L’après-midi, les activités seront axées sur la rencontre avec la population locale ». Le terrain de jeu n’est pas encore connu mais les aventurières s’entraînent dès qu’elles le peuvent.

Raid solidaire

Le Raid Amazones se veut solidaire, chaque équipe peut soutenir une association de son choix. La cause infantile est évidente pour les trois amies qui choisissent de représenter l’association Warrior Enguerrand soutenant la recherche contre les cancers pédiatriques « d’autant qu’aujourd’hui, il y a peu d’investissement dans la recherche clinique spécifique aux enfants. Le marché n’est pas suffisant, trop rare pour des investissements. Nous voulons relayer le combat, passer l’info ». Toutes les sommes sauf celles couvrant la participation au Raid seront versées à Warrior Enguerrand. L’aventure sportive et solidaire sera riche en émotions pour franchir la ligne d’arrivée main dans la main… et devenir des Amazones !

Pour suivre leur aventure, sur Facebook : Wondermums-Raid Amazones 2024 et Instagram : wondermums_raid.amazones2024

À la recherche de financements

L’inscription au Raid Amazones s’élève à 4 200 € par concurrente hors billet d’avion. Les trois sportives sont à la recherche de financements et rivalisent d’ingéniosité pour organiser des manifestations : atelier de produits durables et écolos pour la maison et le bien-être, goûter de Noël, soirées festives. Anabelle, Sophie et Charlotte ont fait une demande de subventions à la mairie villeneuvoise, à la MEL, au Département et à la fédération française d’athlétisme.

Puis « 98 % des équipes trouvent la totalité du budget grâce à des sponsors, pourquoi pas nous? On peut faire bénéficier de la notoriété et de l’image du Raid Amazones, devenir leur ambassadrice. Le sponsoring permet enfin aux entreprises la récupération de 20 % de la TVA et de déduire le montant du versement de leur résultat imposable ».

LA VOIX DU NORD – l’article  ici

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Des médecins traitent La tumeur cérébrale d’un enfant à l’aide d’ultrasons

Des médecins traitent La tumeur cérébrale d’un enfant à l’aide d’ultrasons

Des médecins canadiens ont utilisé avec succès des ultrasons guidés par IRM pour administrer une chimiothérapie à une tumeur cérébrale inopérable chez un enfant – une première mondiale pour ce type de technologie.

C’est le début d’un essai clinique révolutionnaire au Sunnybrook Health Sciences Centre et à l’Hospital for Sick Children de Toronto qui, selon les chercheurs et les médecins, pourrait ouvrir la voie à un meilleur traitement des tumeurs pédiatriques terminales.

La procédure a été réalisée sur un patient atteint d’un gliome pontin intrinsèque diffus (DIPG), qui est la forme la plus courante de tumeur cérébrale chez les enfants de moins de 15 ans.

« Le DIPG est une tumeur cérébrale pédiatrique dévastatrice qui est inopérable en raison de sa localisation dans le tronc cérébral », a déclaré le Dr Nir Lipsman, co-investigateur principal de l’étude et directeur du Harquail Centre for Neuromodulation de Sunnybrook, dans un communiqué de presse.

 « Les ultrasons focalisés constituent une approche innovante et non invasive pour délivrer plus efficacement la chimiothérapie directement à la tumeur. Notre espoir est que cette recherche continue nous rapprochera de l’amélioration des traitements pour aider à changer le cours de la maladie. »

Le DIPG affecte le tronc cérébral, plus précisément la zone qui régule les actions involontaires telles que la déglutition, le rythme cardiaque et même la respiration. Bien que la radiothérapie puisse faire gagner du temps, le DIPG est considéré comme un diagnostic terminal.

C’est une chose que les chercheurs espèrent remettre en question avec cet essai clinique. Leur nouvelle méthode d’administration du traitement fonctionne en utilisant des ultrasons de faible intensité pour s’attaquer à la barrière hémato-encéphalique.

La barrière hémato-encéphalique est un réseau de protection constitué de cellules très serrées situées entre les capillaires du cerveau et les autres tissus mous du cerveau. Ce réseau de cellules protège le cerveau des substances nocives et des toxines.

Mais lorsque quelque chose ne va pas à l’intérieur du cerveau, comme une tumeur, la barrière hémato-encéphalique devient un obstacle pour les médecins qui espèrent administrer un traitement dans les zones touchées.

C’est là que les ultrasons entrent en jeu. En utilisant la puissance des ondes sonores, les chercheurs ont pu forcer une porte temporaire dans ce mur autour du cerveau afin de laisser passer un traitement qui, autrement, n’aurait pas pu pénétrer la barrière.

Ce nouvel essai clinique, qui inclut 10 patients âgés de 5 à 18 ans atteints de DIPG, cherche à établir la sécurité et la faisabilité de cette procédure chez les enfants. Il s’appuie sur des recherches précédentes menées par Sunnybrook. En 2015, les chercheurs ont utilisé avec succès, pour la première fois, des ultrasons focalisés pour administrer une chimiothérapie à la tumeur cérébrale d’un patient adulte.

Alors, comment la procédure fonctionne-t-elle réellement ?

Les patients sont allongés dans une machine IRM, portant un casque spécialement conçu pour délivrer des ondes sonores dans des zones précises du cerveau sans avoir recours à la chirurgie, tandis que les médecins surveillent leurs progrès à l’aide de l’IRM.

Des bulles microscopiques plus petites que des globules rouges sont injectées par voie intraveineuse dans la circulation sanguine. Les ondes sonores focalisées font vibrer ces bulles microscopiques, élargissant l’espace entre les cellules qui constituent la barrière hémato-encéphalique et ouvrant des trous temporaires par lesquels des doses de chimiothérapie peuvent être administrées directement dans le cerveau. Cette brèche dans la barrière hémato-encéphalique est – environ 12 heures après le traitement, la barrière hémato-encéphalique s’est refermée.

Si cet essai clinique est couronné de succès, il pourrait représenter un espoir pour les enfants confrontés à un diagnostic de DIPG en phase terminale.

« Le traitement actuel du DIPG se limite aux radiations, qui peuvent ralentir la progression de la tumeur pendant un certain temps, mais n’ont pas d’effets à plus long terme », a déclaré le Dr James Rutka, co-investigateur principal de l’étude et directeur du Centre de recherche sur les tumeurs cérébrales Arthur et Sonia Labatt, dans le communiqué. « La technologie des ultrasons focalisés est une stratégie prometteuse d’administration de médicaments qui nous aide à pénétrer la barrière hémato-encéphalique d’une manière novatrice. La réalisation de cet essai nous aidera à construire des voies de traitement nouvelles et innovantes pour les enfants atteints de DIPG. »

Actualités Canada – l’article  ici

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Cancer du cerveau chez l’enfant : comment savoir si la tumeur est dangereuse ?

Cancer du cerveau chez l’enfant : comment savoir si la tumeur est dangereuse ?

Comment prédire le risque d’agressivité d’un cancer du cerveau chez les enfants, et se prononcer sur la possible évolution de cette tumeur ? Des chercheurs de Gustave Roussy ont mis au point un test pour répondre à ces deux priorités. Cancer du cerveau chez l’enfant : un nouveau test pour prédire l’évolution des tumeurs ?

Chaque cancer a sa propre histoire. Et c’est en suivant au plus près l’évolution de chacun des patients, de chacune des tumeurs, que les médecins peuvent indiquer le protocole thérapeutique le plus adapté.

Ainsi, dans le cadre de cancers du cerveau diagnostiqués auprès des enfants*, des chercheurs de l’Institut Gustave Roussy ont mis au point un test** capable de « prédire au laboratoire l’agressivité et l’évolution de certaines tumeurs cérébrales pédiatriques ».

Le principe : grâce à l’utilisation « de sphères constituées de cellules souches tumorales (sphéroïdes) », les scientifiques peuvent observer le déplacement des cellules cancéreuses dans le cerveau. Et donc la formation de nouvelles métastases, sans se limiter à la croissance locale de la tumeur.

Le mouvement des cellules cancéreuses est en effet « un facteur pronostic important de la maladie (…) impactant la survie » de façon importante, souligne le Dr Jacques Grill, onco-pédiatre à Gustave Roussy***. « Plus les cellules tumorales se déplacent vite, plus le gliome risque de faire des métastases dans le cerveau, un haut risque étant associé à un pronostic encore plus grave. Cette capacité d’invasion et de migration explique en partie l’échec des traitements dans cette maladie » ajoute le Dr Grill.

Prédire l’évolution de la maladie sur plusieurs semaines

Et à quel point ce test est-il probant ? « Les résultats, obtenus en deux à trois semaines, permettent de prédire de manière spécifique et sensible comment la maladie va évoluer dans les quelques semaines ou mois plus tard pour adapter le schéma de traitement par radiothérapie », détaille le Dr Grill.

A l’avenir, ce test pourra aider les soignants à « personnaliser le traitement de radiothérapie ». En travaillant sur sa mise au point, les scientifiques ont également mis en lumière différents « mécanismes cellulaires et moléculaires impliqués dans ces cancers ». Ils ont ainsi pu isoler le gène BMP7, directement incriminé « dans la modulation de la vitesse d’invasion ». Ses « effets pourraient être bloqués par des thérapies ciblées » pour prévenir le risque de métastases.

D’importantes découvertes sachant qu’aujourd’hui, ces cancers du cerveau pédiatriques restent « souvent inopérables et difficilement curables malgré le traitement radiothérapeutique (ciblant localement la tumeur, ndlr) et les progrès réalisés dans la prise en charge des cancers pédiatriques ces dernières années ».

*gliomes infiltrants du tronc cérébral ou diffus de la ligne médiane

** Test élaboré « à partir des cellules souches tumorales de 22 jeunes patients atteints d’un gliome diffus de la ligne médiane dont 9 avaient développé des métastases cérébrales »

***le Dr Jacques Grill est responsable de l’axe tumeurs cérébrales pédiatriques du programme de recherche CRESCENDO que soutient la campagne « Guérir le cancer de l’enfant au 21e siècle »

L’ALSACE – l’article ici

Actualités Warrior Enguerrand

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Équipe Mircade : Projets Gliome infiltrant du tronc cérébral

Équipe Mircade : Projets Gliome infiltrant du tronc cérébral

Les tumeurs du système nerveux représentent 26% de toutes les tumeurs pédiatriques et sont celles dont le pronostic est le plus défavorable. Depuis 2013, l’équipe MIRCADE (pour « Méthodes et Innovations pour la Recherche sur les Cancers de l’Enfant », https://www.bricbordeaux.com/en/bric-team/mircade) à Bordeaux s’intéresse au gliome infiltrant du tronc cérébral (GITC), une tumeur qui touche principalement les enfants âgés de 4 à 12 ans et dont le taux de survie est proche de zéro.

L’année dernière, notre équipe a pu montrer le bénéfice de combiner le GSK126 (un composé bloquant l’action de la protéine EZH2) avec une statine (un médicament utilisé en Pharmacie depuis plus de 20 ans pour lutter contre le cholestérol) pour éliminer les cellules de GITC (publication dans le journal Neuro-Oncology Advances, https://doi.org/10.1093/noajnl/vdac018).

 Nos résultats montrent que cette combinaison est également efficace dans plusieurs cancers pédiatriques (foie, rein, os…) et adultes (foie, poumons), et qu’elle est donc très prometteuse sur le plan thérapeutique. Nous poursuivons donc nos investigations pour savoir si cette combinaison marche aussi dans d’autres types de cancers, notamment dans plusieurs tumeurs cérébrales (médulloblastome, ATRT, épendymome, glioblastome). En parallèle, nous poursuivons le projet G-STAT qui fait suite au dépôt d’un brevet par notre équipe en 2021 et qui vise à développer un nouveau médicament combinant le GSK126 et une statine (https://www.ast-innovations.com/en/innovations-1/catalog/g-stat-innovation-treatment-glioma-hepatoblastoma-en).

Nous travaillons également au repositionnement de certains médicaments anticancéreux utilisés à l’hôpital pour traiter d’autres types de cancer et qui pourraient fonctionner dans le GITC. L’idée est, ici, de gagner du temps pour les patients en identifiant les médicaments les plus efficaces et déjà disponibles. Cependant, plusieurs des agents anticancéreux que nous avons identifiés comme efficaces dans le GITC ont déjà été utilisés, seuls, dans des essais cliniques, et aucun n’a apporté de réel bénéfice pour les enfants atteints de GITC. C’est pourquoi notre équipe travaille depuis plusieurs années à l’élaboration de thérapies combinées associant plusieurs agents anticancéreux sélectionnés pour leur efficacité à éliminer spécifiquement les cellules de GITC. C’est de cette idée qu’est née la combinaison GSK126+statine décrite plus haut. En effet, nous pensons que l’utilisation de thérapie

combinée a plus de chance de bloquer le phénomène de chimiorésistance (communément observé avec les cellules de GITC) et d’être, ainsi, réellement efficace contre la tumeur. Plusieurs nouvelles combinaisons sont en cours d’évaluation dans l’équipe MIRCADE et nous envisageons aussi de combiner certains candidat-médicaments avec des approches d’immunothérapie, un domaine dans lequel notre équipe va s’engager en 2024 avec l’aide d’un chercheur bordelais spécialiste de l’immunologie et d’une étudiante formée en immunologie. En partenariat avec une société privée, spécialisée dans les analyses bioinformatiques et l’intelligence artificielle, nous travaillons aussi à limiter l’envahissement du cerveau par les cellules tumorales et ainsi diminuer les symptômes les plus graves chez les patients. Les données de séquençage sont en cours de production et seront bientôt analysées par notre partenaire. Enfin, nous travaillons à l’élaboration de nouveaux composés anticancéreux en partenariat avec plusieurs équipes de chimistes de Bordeaux et de Montpellier.

L’efficacité de ces nouveaux composés sera bientôt testée dans notre laboratoire et les plus

prometteurs seront protégés par brevet avant d’envisager leur transformation en médicaments avec l’aide d’entreprises privées.

A travers tous ces projets de recherche, nous espérons découvrir de nouveaux candidat-

médicaments et de nouvelles combinaisons de traitement qui pourraient déboucher sur des

nouveaux essais cliniques dans le GITC d’ici 2028. Afin que les résultats de nos travaux de recherche puissent également bénéficier à un plus grand nombre d’enfants et d’adolescents atteints de tumeurs cérébrales, certains de nos travaux de recherche seront menés en parallèle sur plusieurs gliomes pédiatriques de haut grade (médulloblastome, ATRT, épendymome, glioblastome).

Notre équipe est donc très engagée dans la recherche contre le GITC et de nombreux chercheurs experts dans des domaines scientifiques très variés ont rejoint notre réseau pour lutter avec nous contre ce fléau. Ce dynamisme et ces avancées nous les devons au soutien de l’association Warrior Enguerrand, à tous ses bénévoles et à tous ses donateurs qui nous font confiance et nous aident depuis 2022. Au nom de l’ensemble des membres de l’équipe MIRCADE, je vous en remercie très sincèrement.

Dr Christophe Grosset

Lucas, 12 ans, premier enfant au monde à vaincre un cancer incurable ?

Lucas, 12 ans, premier enfant au monde à vaincre un cancer incurable ?

Comment nommer ce qui n’est jamais arrivé ? Qu’est-ce qui n’existe pas ? A l’hôpital Gustave-Roussy de Villejuif (Val-de-Marne), le docteur Jacques Grill hésite entre « très longue rémission » et « peut-être guéri ». Les parents de Lucas optent pour « presque guéri » ou un laconique « il n’a plus rien ». Personne ne veut se risquer à une conclusion définitive, au risque d’attirer ou de provoquer la malchance. Qu’importent les mots, tant que dure l’État.

A 12 ans, bientôt 13, Lucas est, à la connaissance des médecins, le seul patient au monde à survivre sans traitement à un cancer pédiatrique extrêmement agressif qui touche chaque année plusieurs dizaines d’enfants. Un gliome infiltrant du tronc cérébral, dont la complexité du nom porte toute sa virulence.

A l’aise dans son sweat-shirt ample, les cheveux de surfeur régulièrement repliés derrière l’oreille, le pré-adolescent ne connaissait pas le nom complet de la maladie. “Je sais juste que c’est une tumeur”, dit, avec l’accent de sa Belgique natale, celui qui a accepté de nous parler en plein “Septembre doré”, dédié depuis plusieurs années à la lutte contre le cancer de l’enfant. . Lorsqu’il avait 6 ans, chez lui, en périphérie de Bruxelles, on parlait d’un « traumatisme crânien ».

Diagnostiqué à 6 ans

C’est à cet âge-là, pendant les vacances d’été insouciantes en camping avec ses grands-parents, que la sentence est tombée. La légère gêne au niveau du nez, la difficulté à faire pipi, le corps qui chancelait légèrement cachaient un cancer bien implanté dans son cerveau. « Notre chance, c’est que l’interne en neurologie nous a tout de suite parlé de Gustave-Roussy. Elle savait qu’un essai clinique majeur, Biomède, s’y déroulait », explique Cédric, le père de famille de 45 ans, responsable informatique. Sans hésiter, mais en affrontant une première « bataille administrative » pour être admis à l’étude française, direction la France.

Après une biopsie à Necker, Lucas entame la première de ses 30 séances de radiothérapie à Roussy. Il a oublié les vomissements et préfère se souvenir, d’un regard pétillant, du « passage secret » qui reliait la maison de ses parents à l’hôpital. Cédric dit qu’il a failli se retourner. « Nous avions bon espoir, mais les médecins ont été clairs. Ils nous ont donné des statistiques qui n’étaient pas bonnes, pas bonnes du tout… » part-il en haleine.

Il est difficile pour un père de prononcer des mots impensables lorsque son fils est à proximité. Incurable n’est pas un parent. Avec Olesja, sa femme, le couple envisage de partir aux États-Unis ou au Mexique, où partent ensuite d’autres familles en espérant trouver le Graal médicinal. Ils abandonnent, restent à Villejuif, commencent un traitement. « Ouf », résume aujourd’hui la quadra.

Parce que le corps de Lucas contrecarre le sort, éliminant progressivement la maladie. Pendant cinq ans, exceptionnellement, tous les signaux sont restés au vert, au point que la question est devenue évidente : faut-il continuer à donner quotidiennement des médicaments aussi puissants ?

Comprendre pour que cela puisse être utile aux autres

« Je ne savais pas quand m’arrêter, ni comment, car il n’y avait aucune référence au monde… », raconte Jacques Grill. Le médecin capé se souvient de la scène, dans son cabinet : il évoque l’idée d’arrêter, lui prescrit une dernière boîte, entend Lucas lui dire qu’il lui en reste une d’avance. “C’était impossible, je délivrais exactement le nombre de comprimés nécessaire entre deux consultations”, constate-t-il. J’ai compris qu’il n’en prenait plus… »

La famille et les spécialistes acceptent de mettre fin au protocole. «C’était un moment vertigineux», raconte Cédric. On s’est dit : Pourquoi changer une équipe gagnante ? Mais il fallait avancer… » Presque un an plus tard, plus rien. Aucune trace. Sauf ce petit « truc », qui persiste sur les radiographies et dont personne ne sait s’il s’agit d’un résidu de la maladie ou d’une cicatrice de la biopsie.

Est-ce dû aux comprimés blancs qu’il a ingéré quotidiennement pendant cinq ans ? Non malheureusement. Il n’existe pas de traitement miracle. « On pense que Lucas souffrait d’une forme particulière de la maladie. Il faut comprendre quoi et pourquoi pour réussir à reproduire médicalement chez d’autres patients ce qui s’est passé naturellement chez lui. Ce serait formidable », déclare le Dr Grill.

Déjà, huit autres jeunes patients de l’étude Biomède sont aujourd’hui considérés comme des « répondeurs longs », sans rechute trois ans après leur diagnostic. Un espoir qui nourrit aussi le médecin : « Lucas nous prouve que, même quand la porte est toute petite, il faut y mettre le pied. »

« On aimerait vraiment que ça soit utile, que Lucas ne soit pas l’exception », glisse Cédric, qui retrouve ce nœud incompressible au ventre à chaque nouvel examen. Lucas, en bon adolescent, reste de peu de mots, s’envole sur son trampoline, préférant rêver d’un avenir de YouTubeur plutôt que de parler d’un passé douloureux.

Il n’est pas question de devenir médecin plus tard, il a trop vu. C’est Tatiana, sa sœur aînée, qui aspire à enfiler la blouse blanche. En revanche, il aimerait visiter Paris. Jusqu’à présent, les allers-retours se limitaient à l’hôpital. « On pourrait monter la Tour Eiffel, non ? » demande-t-il à son père. Sous le regard rieur de Cédric, la demande semble acceptée.

News.dayfr – l’article  ici

Lien vidéo émission C à Vous du 29/09/23ici