Parents endeuillés : une proposition de résolution pour la reconnaissance du mot « parange » déposée à l’Assemblée nationale

Parents endeuillés : une proposition de résolution pour la reconnaissance du mot « parange » déposée à l’Assemblée nationale

Il n’existe aujourd’hui aucun mot pour désigner un parent dont un enfant est décédé. A la douleur de la perte s’ajoute la violence de la non-reconnaissance de cette perte par la langue française. Déposée ce jeudi 11 février 2021, la proposition de résolution portée par la députée Mathilde Panot, députée du Val de Marne, vise à faire connaître et reconnaître le terme de « parange » pour combler ce vide linguistique.

 Lorsqu’une personne meure, si elle est mariée, son conjoint devient veuf ou veuve, si elle est des enfants, ils deviennent orphelins. Mais que deviennent les parents du défunt ? Il n’existe pas de mot dans la langue française pour exprimer cette situation, qui touche pourtant de très nombreuses personnes.

Face à cette réalité, Mathilde Panot, députée du Val de Marne et Vice-Présidente du groupe parlementaire La France Insoumise à l’Assemblée nationale, a déposé ce jeudi 11 février une « proposition de résolution visant à la reconnaissance du mot ‘parange’ pour désigner les parents ayant perdu un enfant ». Cette initiative, souligne la députée, est transpartisane : des députés de tous les groupes inscrits à l’Assemblée nationale ont apporté leur soutien au texte*. De quoi faire espérer une inscription rapide à l’ordre du jour pour un vote solennel. « Autrement, nous attendrons notre niche parlementaire pour la présenter, assure-t-elle, mais c’est en juin ».

 Parents endeuillés, une réalité qui n’est pas reconnue

« La perte d’un enfant est une perte dont on ne se remet pas ou peu », témoigne Lili, qui a perdu son fils d’une quarantaine d’années il y a trois ans, la veille de Noël. Un échange chez le notaire peu de temps après lui fait prendre conscience de la situation : « je me suis dit qu’il n’était pas possible que nous, parents, nous ne puissions pas être connus ou reconnus comme ayant perdu un enfant, alors que ma belle-fille était veuve et leurs enfants orphelins. Je me suis fait la promesse, dans mon travail de résilience, de faire quelque chose [pour que cela change] ». C’est ainsi qu’à l’occasion du troisième anniversaire de la disparition de son fils, Lili a écrit à Mathilde Panot pour lui faire part de ce problème, à la fois intime et sociétal : l’absence de mot pour désigner les parents endeuillés les rend invisibles.

Lili n’est pas la seule à s’interroger sur l’aspect linguistique de la situation. Nadia Bergougnoux, qui a perdu un enfant à 6 mois et demi de grossesse il y a près de trente ans, s’interroge depuis quelques années sur cette question. « A l’époque, on proposait rarement aux parents de voir leur enfant décédé, se souvient-elle. On a emporté ma fille loin de moi, je ne l’ai jamais vue, ni su ce qu’il était advenu de son petit corps. Pendant 20 ans, je me suis tue et j’ai entendu des mots horribles. On me disait « il faut aller de l’avant », « tu en auras d’autres », « elle aurait pu naître handicapée », « on ne la connaissait pas »… Désormais, je veux parler ». Selon les chiffres de la DREES, en 2018, 6 722 bébés sont nés sans vie en France. Pourtant, le deuil périnatal reste un tabou et les parents qui le vivent peinent à se faire reconnaître comme tels.

Philippe Ladougne (président de Warrior Enguerrand), lui, a eu le temps de faire connaissance avec son fils Enguerrand. Quatrième enfant de la fratrie, le garçon venait de fêter ses 13 ans lorsque lui est diagnostiqué un gliome infiltrant du tronc cérébral, un cancer foudroyant qui l’emporte en à peine une année. « Au-delà de la perte irréparable de notre enfant, de tous ceux qui ont perdu la bataille et de tous ceux qui se battent encore, et pour la promesse que nous avons faite à notre fils Enguerrand de continuer le combat, nous soutenons la demande des parents ayant perdu un ou plusieurs enfants, dont nous sommes, afin que nous soyons nommés : nous sommes des paranges, s’engage -t-il. Je me considère ‘papange’ et ma femme ‘mamange’ ».

Chez tous ces témoins, apparaît clairement une envie d’être reconnus et nommés. « Il n’est pas possible d’avoir un tel vide dans le dictionnaire alors qu’il compte plus de 65000 mots, souligne Lili. Le débat est difficile car il cristallise les émotions, mais nous voulons qu’il y ait une prise de conscience, sans misérabilisme ». La proposition de résolution de La France Insoumise serait donc une grande avancée, « sociale, sociétale et politique, tout en ne coûtant rien au budget de l’Etat », précise Lili.

 Un enjeu linguistique universel

Lorsqu’elle décide de parler, il y a cinq ans, Nadia Bergougnoux cherche un mot qui la définisse. « J’ai trouvé le terme de ‘parange’ sur un site canadien et découvert que beaucoup utilisaient ce terme, même s’il n’était pas reconnu. J’ai pris conscience que je n’étais pas seule, et depuis, je me bats pour qu’il soit officialisé. » Elle en a entendu d’autres, qu’elle a trouvé horribles, comme « désenfanté », qu’elle refuse catégoriquement : « j’ai perdu un enfant, mais j’ai trois autres filles, je ne suis pas désenfantée ! ».

« Parange » lui a tout de suite parlé. Le mot en gêne certains, car il contient le mot « ange », qui a une forte connotation religieuse. Cependant, il signifie aussi « une personne pour qui on a beaucoup d’affection », une définition dans laquelle Nadia Bergougnoux se retrouve totalement. Depuis qu’elle a fait sien ce mot, elle s’est lancée dans un combat linguistique qui l’a amenée à entrer en contact avec l’Académie française. L’institution a commencé par lui dire qu’il n’était pas possible de trouver un mot pour exprimer la douleur de la perte d’un enfant.

Mais Nadia Bergougnoux n’a pas baissé les bras, et la pétition qu’elle a lancée pour que le mot « parange » soit reconnu et inscrit dans le dictionnaire de la langue française rassemble à ce jour plus de 60 200 signatures. « Cela ne fera pas revenir notre enfant, mais on veut être nommés », plaide-t-elle. Car à la violence de la perte s’ajoute celle de ne pas être reconnu, explique Philippe Ladougne : « c’est une double peine. Nous reconnaître comme parange, ce serait une belle avancée, même si le deuil restera entier ».

L’enjeu est universel : au cours de ses recherches, Nadia Bergougnoux a découvert qu’il n’existe aucun mot largement reconnu dans le monde francophone, d’ordinaire prompt à faire preuve d’imagination pour enrichir la langue française. Pourtant, précise-t-elle en se basant sur les échanges qu’elle a eus avec des francophones de tous les continents, le besoin de nommer cette situation est là, partout.

L’Académie française lui a également fait noter que le mot n’existe dans aucune langue, dans aucune culture ni dans aucune religion. « Nous pourrions être les premiers, fait remarquer Philippe Ladougne, et cela pourrait inciter d’autres pays à nous suivre. C’est ce qu’il s’est passé sur la question de l’allongement du congé pour deuil parental. La Belgique a voté une loi dans le même sens peu après la nôtre. »

La proposition de résolution présentée par Mathilde Panot vise non seulement à « reconnaître le mot « parange » pour désigner les femmes et les hommes ayant perdu un enfant, quel que soit l’âge au moment du décès » mais aussi à « populariser l’emploi de ce terme et sa signification », à appuyer « son inscription dans les dictionnaires » et à « garantir sa reconnaissance par l’Académie française et l’administration publique française ». Pour la députée, l’objectif est clair : faire de ‘parange’ un des mots qui rentreront dans les dictionnaires en 2021.

* Le texte porté par La France Insoumise est aussi soutenu, lors de son dépôt à l’Assemblée nationale, par :

Laurence Trastour-Isnart (LR), Nicole le Peih (LREM), Eric Diard (LR), Dimitri Houbron (Agir ensemble), Sandrine Josso (UDI), Yannick Haury (LREM), Guy Bricout (UDI), Emilie Bonnivard (LR), Paula Forteza (non inscrite), Sylvain Templier (LREM), Thierry Benoit (UDI), Richard Ramos (MODEM), Jean-Christophe Lagarde (UDI), Jean Lassalle (Libertés et territoires), Sébastien Jumel (GDR), Stéphane Peu (GDR), Karine Lebon (GDR), Isabelle Santiago (SOC), Jennifer de Temmerman (L&T), Jean-Luc Bourgeaux (LR).

Psychologie – l’article ici

Cancer du cerveau : nouvelle avancée au CHU Lille

Cancer du cerveau : nouvelle avancée au CHU Lille

L’horizon s’éclaircit un peu dans la lutte face au cancer du cerveau ! En pointe en la matière grâce au laboratoire Inserm OncoThAI, le CHU Lille entrevoit de belles avancées avec la signature, le 1er février dernier, d’une licence exclusive pour l’exploitation d’une nouvelle technologie anti-cancéreuse.

Innovation made in Hauts-de-France

 Cette licence implique la SATT Nord et le CHU Lille avec la startup Hemerion Therapeutics, basée à Villeneuve d’Ascq (59) et qui sera chargée de développer cette innovation. Sans remplacer la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie, elle consiste à associer un médicament photosensibilisateur et l’utilisation d’une lumière laser pour éliminer les cellules tumorales tout en préservant les tissus sains.

« Au cours des dix dernières années, notre technologie a franchi plusieurs étapes majeures, dont un essai clinique mené au CHU de Lille depuis 2017. Nous continuons de la développer dans le cadre de plusieurs projets de recherche. L’idée consiste à diffuser largement nos technologies pour en faire bénéficier un maximum de patients dans le monde », commente le docteur Maximilien Vermandel, fondateur d’Hemerion.

 Allonger l’espérance de vie et limiter la récidive

Ses avantages : s’intégrer aux soins existants pour mieux prendre en charge le glioblastome et ainsi minimiser le risque chirurgical, tout en limitant notamment la part de récidive (actuellement très élevée). Cette solution – qui pourrait entrer dans les standards de soins dès 2026 – permettrait de prolonger significativement l’espérance de vie des personnes atteintes de cette tumeur cérébrale maligne incurable, la plus fréquente chez l’adulte et qui représente la 3e cause de décès par cancer chez les 15-35 ans.

Les Hauts de France – l’article  ici

Un billet pour l’espace pour aider l’Hôpital pour enfant à Memphis

Un billet pour l’espace pour aider l’Hôpital pour enfant à Memphis

Le milliardaire Jared Isaacman, fondateur de Shift4 Payments, a annoncé lundi qu’il embarque­rait pour un voyage en orbite cette année. Il décollera pour quelques jours à bord d’une capsule Crew Dragon de SpaceX en octobre prochain. Mais il ne partira pas seul, il a acheté deux autres places à bord de la capsule dont il va faire don au St. Jude Children’s Research Hospital de Memphis, rapportait le New York Times le 1er février.

Le premier siège ira à un soignant ayant travaillé en première ligne à St. Jude. « C’est un survivant du cancer, qui a été traité à St. Jude, et il est employé làbas aujourd’hui », a déclaré le philanthrope américain. L’autre billet sera remis à l’issue d’un tirage au sort, dans le but d’amasser au moins 200 millions de dollars pour faire un don substantiel à l’hôpital pour enfants. Pas besoin de faire un don pour participer au tirage du ticket pour l’espace, mais chaque dollar donné compte pour dix inscriptions, avec un maximum fixé à 10 000 par personne.

Jared Isaacman a refusé de divulguer le prix de sa mission spatiale privée, baptisée Inspiration4, mais a précisé qu’il était probable « que la somme que nous espérons lever pour soutenir cette cause dépassera largement le coût de la mission ». Il s’est aussi engagé à donner personnellement 100 millions de dollars. « Si vous voulez accomplir toutes ces grandes choses dans l’espace, tous ces progrès, alors vous avez l’obligation de faire un bien considérable ici sur Terre, comme vous assurer de vaincre le cancer infantile en cours de route », a-t-il ajouté.

Pilote expérimenté, le milliardaire de 37 ans sera lui-même aux commandes de l’engin spatial en tant que commandant. Il s’agira donc de la toute première mission en orbite sans astronautes professionnels. La capsule Crew Dragon pouvant accueillir quatre passagers, il reste donc un ticket pour l’espace.

ULYCES – l’article ici

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